[Focus] HELP Sarl : un protocole exclusif pour dératiser les îles

Publié le 14 janvier 2025, par Nicolas Rousseau

En termes de gestion des espèces invasives et nuisibles, les territoires insulaires posent des problématiques particulières. Aussi l’entreprise HELP Sarl a-t-elle conçu un programme spécifique d’éradication des mammifères non autochtones, tout en veillant à la préservation de la faune et de la flore endémiques.

HELP. L’acronyme qui sert de nom à la structure fondée par Louis Dutouquet signifie « Histoire, Environnement, Littoral et Patrimoine ». « L’élimination des espèces invasives, végétales et animales, constitue l’un de nos quatre grands domaines d’intervention. Nous agissons également en faveur de l’aménagement du littoral. Nous intervenons par ailleurs dans l’entretien et la restauration de milieux insulaires. Enfin, nous nous chargeons de la restauration de petits patrimoines en pierres sèches, murets, digues et cabanes. » Selon les chantiers qu’elle conduit, la structure emploie jusqu’à dix techniciens, notamment spécialisés dans l’éradication de mammifères invasifs – rats noirs, surmulots et ragondins, principalement – sur les territoires insulaires.

Lutte chimique

Basée à Plomodiern (Finistère, l’entreprise intervient régulièrement dans les îles des façades Manche et Atlantique, jusqu’aux Antilles, ainsi qu’en Méditerranée, en Corse notamment. Chaque chantier de dératisation est conduit selon un protocole strict et exclusif, inspiré de celui initialement développé par l’Inra de Rennes. Il recourt à une lutte chimique, à l’aide d’appâts anticoagulants installés dans des postes d’appâtage sécurisés. Toute installation de ces postes est précédée d’un inventaire faunistique exhaustif, afin d’établir une typologie des espèces présentes sur le site d’intervention. Rats, souris, musaraignes et mulots sont principalement ciblés, via un piégeage non vulnérant.

Maillage de postes

La phase d’éradication ne commence qu’ensuite. Elle s’appuie sur un maillage de postes, installés de manière uniforme à l’échelle du territoire insulaire concerné par l’opération de régulation. Un poste est installé à intervalles réguliers, tous les 20 à 25 mètres. Chaque piège est numéroté et géoréférencé grâce à un système GPS. Lors d’une opération conduite à Hoëdic, à l’automne 2019, 3 300 pièges avaient ainsi été déployés. Une dose d’appâts prédéfinie est déposée dans chaque poste, relevé de manière quotidienne. « Habituellement, nous disposons cinq appâts par poste », décrit Louis Dutouquet. Les consommations sont ainsi contrôlées chaque jour.

Contrôle quotidien

« Le contrôle quotidien des postes constitue le pilier de toute intervention qui nous est confiée, insiste le fondateur de Help SARL. Si, lors du contrôle, l’absence d’appâts prouve une consommation, nous nous appuyons par ailleurs sur les indices de présence – crottes, traces d’urine – et sur le mode de consommation pour déterminer quel rongeur, rat, souris ou musaraigne, en est à l’origine. Ces indices de présence sont systématiquement nettoyés afin de repérer les plus récentes lors du contrôle suivant. »

Géoréférencement

Chaque donnée collectée est progressivement intégrée dans un système d’information géographique. « Le géoréférencement des postes nous permet de dresser une carte de répartition spatiale des consommations d’appâts, appuie Louis Dutouquet. Nous savons ainsi précisément dans quelle boîte les appâts ont été consommés et en quelle quantité. Les variations de consommation sont également mesurées entre chaque passage de contrôle. Cela permet un suivi très précis. » Des caméras infrarouges complètent le contrôle des postes. « Elles permettent d’affiner nos relevés quotidiens », juge-t-il encore. Lors des premières vidéosurveillances, « nous constatons la présence de rats en très grand nombre. Mais au fur et à mesure de l’opération, leur présence diminue, jusqu’à élimination. »

Dispositif de biosécurité

Une fois l’éradication atteinte, lorsque plus aucune consommation d’appâts n’a été constatée sur une période de 7 à 10 jours, « nous déployons un dispositif de biosécurité. Ainsi, à Hoëdic, où 3 300 pièges avaient été installés, nous en avons maintenu de 400 à 500, en des endroits stratégiques, gare maritime, déchetteries, stations d’épuration, etc. » L’ensemble du dispositif de biosécurité est contrôlé entre 4 et 6 fois l’année suivant l’opération de dératisation. En l’absence de consommation d’appâts, l’opération est considérée réussie. Celle conduite à Hoëdic est ainsi un succès : en 2024, cinq ans après le déploiement du dispositif, aucune réinfestation n’a été constatée.

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